Démarche Développement durable

Tu roules à quoi ?...à la betterave

Par VINCENT TOURAILLE, publié le dimanche 15 novembre 2020 06:14 - Mis à jour le dimanche 15 novembre 2020 19:36
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Pour permettre aux futurs citoyens de se forger une opinion en connaissance de causes

Dans cet article, un certain nombre de liens vers des sites internet sont de couleur bleue; cliquer dessus pour y accéder

Afin que vous ayez les tenants et les aboutissants de cet article, il faut planter le décor :

1 ) Bioéthanol et betterave sucrière :

Vous ne le saviez peut-être pas mais, en France, 1/3 du bioéthanol est produit à partir de la betterave et 1/3 à partir du blé pour les principales sources de matières première; 1 hectare de betterave sucrière produit 9000 litres de bioéthanol.

La France est le premier producteur européen de bioéthanol et le 5ème mondial. Si on comptabilise les importations et les exportations de bioéthanol, ces dernières sont excédentaires de 1,9 millions de litres.

Le site terre-net.fr rassemble les chiffres de production de betterave sucrière des 15 dernières années en France. En 2019 c'est près de 37 millions de tonnes de betteraves sucrières récoltées, principalement dans les Hauts de France.

 

 

Le site bioéthanolcarburant.com vous éclairera sur l'utilisation du bioéthanol dans l'usage des automobiles; quelques extraits en illustration dans ce court diaporama :

 

 

2) Betterave sucrière, pucerons et jaunisse :

En application de la législation européenne, l'usage de pesticides dits "néonicotinoïdes" a été interdit en France en 2018, après 20 ans d'action de lanceurs d'alertes et plus de 1200 études scientifiques montrant la dangerosité de ces produits sur tous les pollinisateurs, dont les abeilles.

Cependant, un autre pesticide restait autorisé par l' ANSES : le Teppeki

 

En 2020, les conditions météo ont permis le développement important de pucerons sur les betteraves sucrières. C'est pourquoi, en plus du Teppeki (dont les conditions d'application ont été modifiées) , un autre pesticide a été autorisé de manière dérogatoire durant 120 jours à partir du 26 mars 2020 : le Movento

Quelques extraits illustrés commentés du site E-Phy de l'Anses pour le Teppeki et le Movento :

 

 

 

3) La Covid-19 a bon dos

L'histoire prend une tournure épidémio-politique lorsqu'en juin 2020, le sénat se penche sur la filière bioéthanol comme bras de levier pour le plan de relance de l'automobile dont les ventes ont chuté depuis le début du premier confinement suite à la Covid-19. (nota , la sénatrice rédactrice de la question n° 16840 du 18/06/2020 est élue de la Marne, un des principaux départements français producteur de betterave sucrière)

Le 3 septembre dernier, le Gouvernement a déposé un projet de loi visant à ré-autoriser, pour une durée "temporaire" de 3 ans, les néonicotinoïdes comme le rappelle le ministre de l'agriculture et de l'alimentation devant le sénat le 15 octobre 2020

4) Existe-t-il des moyens naturels de lutte contre le puceron ?

Oui, ils sont nombreux mais il y a un problème de taille, c'est que ce sont tous des insectes....donc tués par les insecticides eux aussi; c'est ballot n'est-ce pas ?

Pour en savoir plus sur les prédateurs naturels du puceron, le site jardinoscope et voici la galerie de portraits des tueurs de pucerons :

 

5) Pourquoi les néonicotinoïdes sont-ils un problème environnemental ?

Je cite un extrait de la lettre ouverte au Gouvernement du Syndicat National d'Apiculture et de l' ONG TERRE D'ABEILLES : "Parce qu'aucune filière agricole ne doit exister au détriment d'une autre, ni au détriment de la santé des populations et de la qualité de l'environnement".

Pour mémoire, l'apiculteur qui nous permis de repeupler le rucher du lycée décimé par empoisonnement au printemps 2019 est M. Denis SAPENE qui a lutté durant 20 ans pour faire interdire les néonicotinoïdes (article du blog).

6) Caricatures et liberté d'expression

Les lobbys de la chimie sont de puissants influenceurs et parviennent même à faire intenter des procès à des lanceurs d'alertes par des décideurs politiques; c'est ce qui est arrivé dernièrement à des membres de l'institut pour l'environnement de Münich ainsi qu'un écrivain attaqués en justice par le ministre de l'agriculture (italien) de la province italienne de Bolzano pour avoir dénoncé depuis plusieurs années l'usage excessif de pesticides sur les cultures intensives de pommes  (10% de la production européenne).

La cellule de gendarmerie "Demeter" récemment créée en France a pour but, notamment, de lutter contre l'agribashing. Souhaitons que la publication de cet article et du diaporama suivant ne nous amène pas une situation aussi ubuesque que celle de l'institut pour l'environnement de Münich.

 

 

 

 

D'ici là, portez-vous bien,

 

 

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